L’année du diaphragme
Depuis une semaine, elle passait une grande partie de son temps à toucher son diaphragme, ce qui rendait toute conversation difficile. Inspiration, expiration étaient les deux mots qu’elle prononçait en boucle. Son compagnon finit par lui dire.
- Bon, mais à part le diaphragme ?
- Comment ça « à part le diaphragme ? dit-elle énervée.
- Eh bien tu ne parles que de ça depuis une semaine, comme si le monde n’existait pas en dehors de lui.
Elle continua à lire son livre « Respir-actions » et ne répondit rien.
Un an avec lui, seulement, et l’angoisse, le stress, les entraves, les nœuds, les crispations l’envahissaient. Quant allait-elle l’expulser ?
Au bout d’un quart d’heure de lecture, elle finit par lui dire.
- C’est ce qu’on appelle « l’annus horribilis », non ?
- C’est-à-dire ?
- Eh bien une année douloureuse, tu vois ?
- Douloureuse à cause du diaphragme ?
- Pour te dire la vérité, je crois que si tu n’étais pas là, mon diaphragme irait bien mieux.
Il la regarda, étonné et finalement, il décida que l'heure était venue.
- Eh bien, je te laisse en couple avec ton diaphragme et moi je pars sur la route de mon pénis. La vie sera ainsi plus tranquille pour toi. Quant à moi, peut-être que je deviendrai un « penispliquateur ».
Elle se sentit obligée d’ajouter.
- C’est-à-dire ?
- Tu sais, ces prophètes qui sont persuadés que les femmes ne pensent pas, ou mal, très mal.
- Tu te trouves drôle ?
Il alla faire sa valise en vingt minutes exactement et constata qu’une fois dehors, à l’air libre, il inspirait et expirait bien mieux.
PS : prochain texte le samedi deux janvier 2021