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Presquevoix...

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25 avril 2024

Rire ?

J’ai décidé de me faire rire au moins une fois par jour. Pourquoi, me direz-vous ? Eh bien, tout d’abord parce que j’ai essayé de faire rire mon mari. Echec. Son absence systématique de fou rire ou de sourire m’a rapidement conduite à un état dépressif. Alors pourquoi insister ? Rideau.

J’ai aussi essayé de faire rire mes amies. J’y ai réussi, parfois, mais il me fallait une amie qui allait justement rire de ce que je trouvais le plus drôle, raison pour laquelle je me suis mise en scène moi-même, pour moi-même comme seule public. J’avoue que tout ceci fonctionne à merveille.  Bien sûr, mon mari ne comprend pas les fous rire qui sont les miens, mais peu m’importe. Je ris quand je veux et où je veux, sans que personne ne sache pourquoi. Peut-être pense-t-on que je suis folle ? Eh bien l’hôpital psychiatrique sera mon deuxième public.

Ce qui me fait le plus rire, ce sont les blagues – obscènes parfois - que j’imagine sur notre société et son « aéropage » de femmes et d’hommes politiques. Je préfère bien sûr les garder pour moi car combattre la morale et les convenances est un vrai sport dans la société qui est la nôtre.

Rire est un stimulant qui protège ma santé psychique – mon mari dirait que non - et facilite ma lutte contre les manipulateurs précoces ou non. Qui peut rire longtemps ménage sa monture et voyage au pays de ses incompréhensions personnelles, sans parler de celles des autres – qu’il imagine à merveille.

Pour conclure, je dirais que rire maintient mes neurones en éveil ; enfin, ceux qui restent au poste... mais pour combien de temps ?

 

PS : prochain texte, dimanche.

21 avril 2024

La conférence de presse

Le pays était entré dans la société du « surveiller et punir ». Le premier ministre – un clone du président – avait entamé la liste des mesures répressives ; pourquoi hésiter quand le peuple se tait ? La dernière mesure annoncée consistait à punir par des amendes ou des travaux d’intérêt général les parents défaillants.  Une journaliste, lors de la conférence de presse mensuelle du premier ministre, se permit de lui poser la question suivante.

  • Je souhaiterais savoir quand vous mettrez en place des travaux d’intérêt général pour les hommes politiques accusés de corruption ou de malversation ?  Monsieur Sarkozy, par exemple, qui vient d'être condamné en appel à un an de prison, dont six mois avec sursis dans l'affaire « Bygmalion » pourrait mettre gracieusement – six heures par jour et cinq jours sur sept - ses multiples « talents » au service d’une association ou d’une ONG. N’est-il pas normal, quand on a servi ses intérêts personnels alors qu’on était au service de l’Etat, de travailler ensuite pour l’intérêt général ?

Le premier ministre toussa de façon répétée, sans regarder la journaliste, et passa à la question suivante, posée par un journaliste qui le renvoya à nouveau dans les cordes du ring.

  • Vous voulez supprimer « l’excuse de la minorité » qui réduit l’échelle des peines, cela peut faire sourire jaune lorsque l’on constate les appels à répétition de nos hommes politiques lorsqu’ils passent devant la justice !

Le premier ministre toussa une seconde fois, sans regarder le deuxième journaliste et passa à la troisième question, posée par une femme connue du grand public et que nul n’aurait imaginé s’avancer sur ce chemin-là..

  • Vous appelez la société à se mobiliser contre la violence des jeunes, mais vous êtes-vous posé des questions sur le pourquoi de cette violence ? Alors moi, simple journaliste, j’appellerais plutôt la société à se mobiliser contre la violence de la politique de notre gouvernement !

Le visage du premier ministre devint si blême qu’un « Oh » envahit le parterre de journalistes. Quelqu’un dit même : « Il va s’évanouir ! ». Il n’en fut rien, mais le premier ministre disparut immédiatement en s’appuyant sur ses deux gardes du corps. Nul ne le revit les jours suivants, et le gouvernement supprima sine die toutes les conférences de presse des ministres.

Était-ce une crise cardiaque ? Nul ne le sut, mais dans un média en ligne, une journaliste conclut son article par : « Ne vaut-il pas mieux guérir la France que mourir pour des mesures qui la font elle-même mourir ? »

 

PS : bien sûr, cette scène est fictive, mais vous vous en doutiez.

PS 1 : prochain texte, jeudi.

 

18 avril 2024

Clair de lune

Dans les cheveux de ce jeune homme, il y avait souvent des araignées, mortes parfois. Pourquoi ne les chassait - il pas ?  Luna les regardait vivre dans ses cheveux blonds et épais, mais les faucheuses lui faisaient peur.  Parfois, elle se demandait si cet amoureux à la plastique étrange n’était pas, malgré son jeune âge, une « ruine humaine ». Il est vrai que son travail de plasticienne conduisait son regard sur des chemins bien insolites, parfois.

  • « L’art des ruines », lui a-t-elle chuchoté, c’est la musique de l’éphémère, l’amour aussi, non ?

Le visage perdu dans l’océan de ses yeux verts, le jeune homme lui a répondu

  • Peut-être. D’ailleurs, l’amour ne s’immisce-t-il pas aussi dans les ruines ?

Luna a acquiescé en soulignant que les araignées faisaient peut-être l’amour dans ses cheveux blonds.

  • Mais je n’ai pas d’araignées dans mes cheveux !
  • Si, elles semblent apprécier ta touffe blonde. Quant aux ruines… Tiens, si demain nous allions faire l’amour dans les ruines du château de Robert le Diable ?

Le jeune homme a tout de suite acquiescé car Luna avait l’art et la manière de le faire sortir de la nuit où il vivait depuis si longtemps…

PS : prochain texte, dimanche.

15 avril 2024

Alice

Lors d’une émission de télévision intitulée « les contes et nous », une vieille dame de quatre-vingts ans, invitée pour son essai autour des contes a dit.

  • Bientôt sortira mon deuxième livre intitulé « Alice au pays des violeurs » Je le publierai sous le pseudo de Louise Carole, mais ce ne sera pas une lecture pour les enfants, quoique…

Le présentateur a essayé de la dévier vers le livre pour lequel elle avait été convié, mais impossible, elle accélérait son débit.

  • Je vais vous lire un extrait de ce nouveau livre que Lewis Caroll n’aurait sans doute pas apprécié :

« Le raisonnement de la Reine-Présidente était que si la question ne se décidait pas en moins de rien, elle ferait trancher la bite à tous les hommes à la ronde. La jeune Alice – troublée - ne trouva rien de mieux à dire que :

  • Le raisonnement appartient au Tribunal, ne le croyez-vous pas ? Et la Reine- Présidente de répondre.
  • Les tribunaux ne savent pas décider ! »

Le  présentateur a essayé à nouveau d’arrêter le débit de la vieille dame, mais dans le public, une femme d’une cinquantaine d’année en a profité pour prendre la parole.

  • Oui, qu’on coupe la bite aux artistes prédateurs, aux vampires de chair fraiche qu’on porte aux nues et à tous ceux qui ne sont capables d’approfondir leur sujet qu’avec leur bite ! Tout ça parce qu’ils n’ont aucune profondeur d’esprit ! Nous les femmes, on en a marre de tout ça, qu’on là leur coupe !

Le présentateur a crié hors de lui.

  • Ça suffit mesdames, taisez-vous, c’est une émission littéraire pas un ring !

A ce moment-là, deux jeunes femmes d’une trentaine d’année, portant banderole disant « Mesdames les muses, fermez vos vagins pour garder vos esprits ouverts ! » sont arrivées sur le plateau en hurlant « Qu’on leur coupe la bite ! ». Il s’en est suivi une guerre sur le plateau et l’émission s’est arrêté brusquement sur un écran noir.

Le soir même, tous les réseaux sociaux en parlaient, et Louise Carole était passée à la moulinette d’instagram, twiter, facebook, tiktok and co.

 

PS : prochain texte, vendredi.

11 avril 2024

La peur

« Demain à 11 heures, grand ramassage des peurs ». Le haut-parleur diffusa le message sur la place de la mairie. Le lendemain, à l’heure dite, le camion était là mais personne ne vint. Il faut dire que dans cette petite ville de la banlieue parisienne où chacun s’enfermait à double tour, nul ne souhaitait que son voisin sache qu’il avait peur. On préférait vivre avec ses peurs, sourire en sortant de chez soi, sourire dans les rues, et sourire en rentrant chez soi. Ici, les conversations quotidiennes se limitaient au stricte nécessaire : le temps, les courses et plus si affinités, ce qui était très rare. Même le curé avait peur des paroissiens. Il s’étonnait de voir si peu de fidèles dans son église et se demandait si c’était la couleur de sa peau – noire – ou son accent qui éloignaient les fidèles ? Un jour, il osa tout de même poser la question au sacristain, un homme qui habitait cette ville depuis 20 ans. Celui-ci lui répondit.

  • Non, de toute façon, le noir n’est pas une couleur, monsieur le curé, vous le savez bien.
  • Alors, pourquoi ce silence et cette église que les paroissiens désertent ?
  • Pour la simple raison qu’ici, on se méfie. Ça a commencé avec le premier enlèvement il y a quinze ans, le deuxième, il y a dix ans, le troisième il y a cinq ans et maintenant on attend le quatrième. Je précise que les neuf disparues venaient d’assister à la messe et n’ont jamais réapparu. Maintenant vous comprenez pourquoi.

Le curé réfléchit un instant puis ajouta.

  • Et pourquoi ce « grand ramassage des peurs », si tout un chacun sait que personne ne va rien y déposer ?
  • Je me demande si ce n’est pas une idée de Dieu ?

Le curé sourit et répondit.

  • Il est vrai que Dieu a parfois de l’humour.

Le sacristain devint subitement sérieux et répliqua que bien sûr, Dieu n’y était pour rien, et que c’était le nouveau maire qui pensait que ce camion était une façon de dire aux citoyens qu’ils devaient ouvrir l’œil, et sans peur aucune.

  • Qui étaient les disparus, demanda le curé ?
  • Des femmes. Certains ont évoqué une secte, d’autres un réseau de prostitution, d’autres encore des querelles de couples. Quant à la police, ses enquêtes n’ont abouti à rien.

Et le sacristain, avant de quitter le curé lui dit qu’il espérait que le prochain ne serait pas un homme, lui par exemple ? Avec les fous, on ne sait jamais, conclut-il d’une voix de baryton tout en fixant le curé de ses yeux noirs.

 

PS : prochain texte, dimanche.

7 avril 2024

Le mini-discours

Ce soir-là, le président avait fait un mini-discours d’une minute – ce qui jamais ne lui arrivait - avant le journal télévisé de 20 heures.

  • Françaises, Français, je tenais à vous dire que ce qui a l’air vrai ne l’est pas forcément ; mais sans doute le saviez-vous, étant donné l’importance que prennent nos réseaux sociaux aujourd’hui. Sachez que désormais, sur les chaînes publiques, au tout début du journal télévisé, nous aurons la mise en place d’un Niveau d’Urgence appelé « Pouet-Pouet » qui permettra de caractériser des informations dont la toxicité sera avérée. Ce « Pouet-pouet » sera donc une sentinelle sur le rempart de la non-vérité. Je puis vous assurer, Françaises et Français, que ce système de « vigilance » sera contrôlé par un organisme indépendant. Il vous permettra donc de séparer le bon grain de l’ivraie en ce qui concerne les informations qui circulent sur les réseaux sociaux. Nous aurons à la tête de cette structure un sous-secrétaire d’Etat qui sera sous la houlette  de notre ministre de  l’Education Nationale.

Je vous remercie, Françaises et Français, de votre attention et vous souhaite à toutes et à tous une agréable soirée.

Après cette minute de discours, les journaux télévisés débutèrent et la France entière commenta, à l’heure du repas, ce « Pouet-Pouet » chargé de lutter contre la non-vérité !

 

PS : prochain texte, jeudi.

 

 

4 avril 2024

Mélancolie

Bientôt la mer aura gagné mon âme et je me réconcilierai avec le pays de mon enfance. Il est là, tout près et je peux presque toucher le buste de celle que je n’ai jamais reconnue. Elle avait la taille trop fine et les cheveux trop sombres pour que je l’aime comme une sœur. Quand enfants nous ramions dans la barque qui nous emmenait vers les prés ou broutaient les taureaux nageurs, j’aurais mille fois voulu la faire disparaître. Il aurait juste fallu que je la pousse. Je ne l’ai jamais fait, par peur. Si nous courions toutes deux dans les prés, j’agitais mon chiffon rouge pour que les taureaux viennent la piétiner, mais ils ne daignaient même pas bouger ; les lâches !

Depuis, le temps a passé. Les nuages sont lourds et je me promène sur les berges de mon enfance en attendant la pluie qui viendra éventrer le ciel pour laver mes souvenirs. Elle, elle a disparu. Elle est dans cette tache bleu ciel qui pointe à l’horizon. Ma mère l’habillait toujours de bleu et le jour où j’ai voulu l’étouffer, dans un accès de rage, elle portait cette jolie robe azur que notre mère lui avait achetée, juste pour elle ; elle portait si bien le bleu. Je vois encore ses longs cheveux noirs, bien trop épais pour être démêlés par les peignes qui me coiffaient. A elle, il lui fallait toujours autre chose, rien ne lui convenait. Elle était la nuit qui étrangle le jour. Personne n’a jamais su où elle avait disparu et pourquoi ; c’est notre secret.

31 mars 2024

Le chemin de la guerre

Dans les cercles de l’Assemblée Nationale, on l’appelait le « Va-t’en guerre », pourtant son corps fluet était à l’opposé de ses poses virilistes.

« Si nous voulons la paix, préparons-nous à la guerre » était son antienne favorite, jusqu’au jour où une arme létale – posée par qui ? nul ne le sut – le fit disparaître sous l’arc de Triomphe ; une fin plus triomphante que la carrière qui avait été la sienne. Carrière qui se serait limitée d’ailleurs, juste avant son décès inopiné, à demander à ce que le livret A finance l’industrie militaire.

Des discours élogieux s’en suivirent, car, les éloges ne se faisaient nullement du vivant des élus - il faut dire que nombre de ces « communicants » politiques alliaient méconnaissance et médiocrité – mais lorsqu’ils mouraient. Quelques voix discordantes, amoureuses de Ravel, osèrent cependant faire circuler le couplet suivant dans les couloirs de l’Assemblée : 

 

 

« Le bolero nous mènra au paradis du cimetière et nous f’rons un requiem pour tous les français qui s’ront morts au combat, on ne les comptera plus, non ; mais l’industrie de la guerre s’ra en hausse, et les profits aussi etc. ».

 

 

24 heures plus tard, un nouveau couplet, plus joyeux, fut entonné illico sur les réseaux sociaux et remit d’ailleurs, Charles Trénet au goût du jour.

 

 

« Boum,

C'est Paris qui fait boum

Un député fait boum

Et c'est la France qui fait boum !

Boum

C’est l’Europe qui fait boum

La Russie qui fait boum

Et l’on attend d’autres boums…

 

 

Oui, la guerre des « boums » avait commencé sa marche joyeuse et jusqu’où irait-elle ?

 

PS : prochain texte, jeudi.

 

28 mars 2024

C’est normal ?

J’ai la phobie de mon mari et je passe ma journée à l’éviter !  S’il est dans la salle de bain, je vais dans la cuisine, s’il est dans la cuisine, je vais dans le salon. Il a sa chambre, j'ai la mienne. Il part en vacances en juillet, je pars en août. Le simple contact de sa peau provoque chez moi des allergies dévorantes. La dernière fois qu’il m’a frôlée, mon corps s’est couvert de pustules qui ne sont parties qu’au prix d’un traitement de cheval. Le médecin m’a dit qu’il n’avait jamais vu ça de toute sa carrière.

Je sais, je pourrais me soigner, prendre un amant, déménager, partir loin, mais je préfère souffrir ; mon éducation sans doute. Je suis croyante, profondément, et je fais partie de ces gens qui pensent que chacun a une croix à porter. Je suis une pénitente de la vie.

Je n'ai pas été phobique dès ma naissance et il y a même eu un temps où j’aimais mon mari. A vrai dire, je suis devenue phobique le jour où il m’a appris qu’il avait une deuxième vie. Vous me direz, pourquoi pas une deuxième vie, la première est parfois si ennuyeuse, et je sais avoir l’esprit large, parfois ; mais le problème, en ce qui me concerne, c’est que sa deuxième vie, il l’a avec mon jeune frère de trente ans.

 

PS : prochain texte, dimanche.

25 mars 2024

Le médecin

Dans la froideur de son cabinet, le médecin m’a dit.

- Tumeur, non, mais kyste.

Je lui ai répondu.

- Et je vais mourir quand ? 

Il m’a répondu en souriant.

Je disais tumeur en un seul mot, ça suffira, mais de tout de façon, vous c’est un kyste, donc ce n’est pas grave.

Effectivement, ça suffit et c’est déjà beaucoup. Je ne retournerai plus voir ce médecin. Cet homme croit avoir de l’humour et manque d’empathie. Pas le genre à dépolir le désespoir, mais plutôt à l’embastiller !

Il m’a tout de même dit qu’une opération de l’ovaire était nécessaire, mais sans gravité. Je l’ai cru et je lui ai dit que maintenant, de toute façon, j’étais contre la mort. Il a ajouté.

- Et vous avez signé un contrat ?

- Pas encore, mais je ne vais pas tarder.

Une fois chez moi, j’ai regardé le dernier tatouage que je m’étais fait faire sur le mollet droit – un nénuphar - et je me suis dit que sur le mollet gauche je me ferai tatouer un sablier car je me demande combien d’années il me reste avant d’avoir une tumeur…

 

PS : prochain texte, jeudi

 

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