L’arme
Il était allé à Lausanne pour se fournir chez Forney, maison fondée en 1808. L’arme achetée était parfaite : petite, élégante et légère. L’usage qu’il en ferait atteindrait aussi la perfection.
Il s’était réservé une chambre de 32 mètres carrés à l’hôtel Beau-Rivage, avec vue sur le lac. Le soir de son arrivée, il avait prévu un « dîner émotions » dans le restaurant gastronomique de l’hôtel.
Quand il était entré dans le hall, le réceptionniste l’avait observé d’un œil méfiant : pas le genre de la maison, avait-il dû penser, sans doute à cause de son costume fripé par le voyage et de sa coupe de cheveux peu classique. Sa carte bleue fut débitée sans problème et le réceptionniste retrouva le sourire.
- Deuxième étage, chambre numéro 10, fit-il en lui tendant la clef. Nous vous souhaitons un agréable séjour à l’hôtel Beau-Rivage, Monsieur, et nous ferons tout pour vous satisfaire.
Son installation fut rapide. Il ouvrit la fenêtre, la vue était à la hauteur du prix, grandiose.
Il visualisa la scène après le dîner : il s'enfermerait dans sa chanbre, il ne tirerait qu'un seul coup et il en finirait avec ce qu’il appelait : mon intranquillité.
Sylvia elle-même en serait étonnée. Comment aurait-elle pu supposer qu’il se donnerait la mort dans l’hôtel où ils avaient passé leur nuit de noces ?
PS : photo prise par gballand, à Lausanne.